Voici un courrier que j’ai adressé à la personne qui m’invitait pour trois jours d’enseignement pour la troisième année consécutive, et à tous les participants inscrits, après avoir découvert que nous serions tous soumis à la loi d’imposition du « passe sanitaire ».
Chères toutes, chers tous !!!
J’espère que mon message vous trouvera en bonne forme, après tous ces mois sans nous voir, dans des circonstances éprouvantes pour beaucoup d’entre nous pour ce qu’elles nous affectent, mais aussi nos proches, nos familles, nos enfants, nos petits-enfants. Nous sommes des êtres de lien, et ceux-ci sont rudement mis à mal, ces derniers temps.
D’abord, je vous remercie chaleureusement pour m’avoir une nouvelle fois témoigné votre intérêt, et votre confiance, par votre inscription à nos trois jours annuels de pratique Feldenkrais.
J’ai décidé de ne pas venir à S… cette année, suite à l’annonce que m’a faite A., que le passe sanitaire serait demandé à tout le monde.
Spontanément, j’ai commencé par lui répondre que l’on s’en arrangerait ; n’étant pas vaccinée il était toujours possible de faire un autotest en pharmacie, comme certains le font dans mon entourage, pour pouvoir travailler : j’avais dans le coeur, le plaisir de nous retrouver bientôt, pour trois jours de pratique somatique et d’expériences partagées, ce qui est ma façon d’oeuvrer sur cette terre et qui me met en joie.
Mais à peine avais-je raccroché, que je me suis sentie fortement dérangée par cette situation que je n’avais pas encore rencontrée jusqu’à maintenant – en séances collectives, j’enseigne, depuis mars 2020, essentiellement en visio-conférence.
Je ressens fortement, depuis le début de cette crise du coronavirus, l’importance cruciale, de ne pas résonner avec la peur. Avec ce qui, en moi, en nous, pourrait mettre le focus sur ce qui nous sépare et non plus sur ce qui nous rassemble. Or en juillet dernier, le calendrier prévisionnel de l’autoritarisme s’est intensifié. La question de l’imposition d’une injection à caractère expérimental, à certaines catégories de la population, aux soignants, et possiblement, aux enfants; mais encore, la mise en place d’un contrôle systématique dont beaucoup d’entre nous ont compris aujourd’hui, qu’il n’a rien à voir avec la santé, m’ont choquée, et perturbée. Je me suis sentie menacée, au moins potentiellement, dans mon intégrité.
Tout ce que j’ai appris, depuis que j’ai pris la responsabilité de mon existence, est passé par la découverte, pour moi-même, que j’avais toujours le choix. Et que ces injonctions que je vivais intérieurement, qui me faisaient expérimenter des situations où je me sentais si mal, étaient des forces illusoires dont j’avais la possibilité de me libérer, en reposant mon droit à consentir, ou pas. A accepter, à discerner, et dire éventuellement, oui à ceci, et non à cela.
A force d’exercer mon libre arbitre en me fondant sur mon expérience incarnée, j’ai laissé s’ouvrir en moi l’espace de la conscience, cet espace où chacun d’entre nous a la possibilité de prendre des décisions selon ses valeurs, ses ressentis, son intuition.
Alors, ma réalité a changé. Ainsi, ai-je commencé de me libérer de ce qui m’oppressait. Alors, ai-je réalisé que j’étais en mesure de me donner le droit de vivre, et d’être heureuse de vivre, en modifiant carrément les conditions initiales de mon existence, quitte à bousculer mon entourage….
La découverte de l’enseignement Feldenkrais, a joué un rôle capital, sur ce chemin d’apprentissage, pour moi, parmi d’autres enseignements capitaux … Tous, m’ont amenée à comprendre que le libre-arbitre est une loi spirituelle qui donne sens à l’expérience humaine– tout comme la fameuse gravitation universelle qui me donne de l’appui en m’invitant à rencontrer le soutien de la Terre, sous mon corps physique… dès lors que j’autorise cette loi à me laisser descendre vers le bas.
La question du choix est devenue le coeur de ce que je prétends enseigner aujourd’hui. A travers l’expérience du mouvement, ce que j’ai à transmettre de plus précieux, c’est cette intimité qui se crée, de soi à soi, grâce à quoi la personne, en se donnant à elle-même, de l’attention, se découvre une autre façon d’aborder son expérience, par l’écoute sensorielle, par l’espace qui se crée en elle, par la relation à soi.
Lorsque le Corps n’est plus instrumentalisé, mais vécu, émerge alors, une réalité étonnante. Une autre façon de penser, qui nous met en contact avec notre propre expérience, dans toute sa singularité. Lorsqu’une personne se connecte avec la puissance de sensation et d’action qui est la sienne, elle se re-connecte à son essence… à sa présence… à sa capacité de s’engager, par son choix, dans telle ou telle direction.
Voilà ce que j’ai à coeur de transmettre !
Là où il y a du dogmatisme, de l’injonction, il y a de la toute-puissance et derrière, une souffrance larvée qui manifeste une impuissance.
Là où il y a une possibilité de choix, il y a un chemin qui se dessine. Quelque chose s’apaise, se pose, en soi. La personne retrouve confiance, et sécurité. Sa place en ce monde.
Pas de vie sans diversité, sans différence ! Là où il y a de la diversité, il y a de la rencontre. Il y a l’amour qui naît…
Nous ne sommes pas tous les mêmes, mais TOUS, nous avons le droit d’être QUI nous sommes.
Pour moi, ce que j’enseigne, c’est donc cela : la base de la souveraineté.
Je fais donc partie de ces personnes qui ne joueront pas le jeu discriminatoire que nous fait jouer la loi sur le passe sanitaire, cette loi qui amène à nous diviser, et lacère ces liens qui fondent notre communauté humaine.
Je suis fondamentalement pour la capacité, pour chacun, de choisir sa médecine. Je n’ai aucun jugement sur les choix d’autrui, et je demande simplement à pouvoir continuer de prendre soin de moi comme je l’entends, en recourant aux thérapies que je sens et choisis, par moi-même. Il en va de ma vie. La médecine en son essence, de tous temps et sur tous les continents, est une affaire de dialogue, d’observation fine, d’écoute profonde, et de réponse subtile. De réponse habilité. De responsabilité.
Voilà !
Je souhaite à chacune et chacun d’entre vous le meilleur. Que cette situation vous permette de faire de nouveaux choix qui vous fassent vraiment du bien !
Avec toute mon amitié,
Hélène Millardet.