Je nommerai d’abord le grand choix du début de ma vie adulte : en l’an 2000, après des études de lettres modernes, une agrégation, un bref passage dans l’enseignement public, je démissionne de l’Education Nationale fissa, pour plonger dans l’expérience du Théâtre. Ce qui m’anime ? Quête de Beauté, de liberté, de sens. Recherche initiatique, grands désordres intimes, esseulement. Grâce à cette décision forte, je me ressource au pouvoir du jeu et m’ouvre à la relation humaine; j’explore une esthétique plus incarnée que l’écriture poétique qui m’accompagne depuis l’enfance; j’apprends le métier de comédienne, et vais me déployer dans l’écriture dramatique, laisser résonner, dans ce langage serti de silence et de noir, les maux du Corps et les blessures de l’Âme, au travers d’une pièce que mettra en scène Armel Veilhan, au sein de la compagnie Théâtre A.
Sortir de l’Arbre parle de la naissance d’une Conscience à la Conscience, par la représentation d’un père aux prises avec la Maladie de Charcot, ce long processus de dégénérescence neurologique qui se traduit par la perte progressive de tout contrôle moteur et ramène un Être à son essence. L’homme en question est mort il y a longtemps : nous nous trouvons dans la conscience de sa fille qui lui est enchâssée, Antigone retenant sa présence et adressant au monde son désespoir, depuis sa chambre. Avec cette création qui autorise le processus du deuil à reprendre son cours, je rends compte de cette expérience fondatrice qui a été, pour la petite fille que je fus, celle d’un dévoilement venu trop tôt, qui amènerait le détricotage systématique de tout ce qui m’aurait été transmis, ou presque, en termes d’appuis pour grandir.
C’est au théâtre, dans ma formation au métier de comédienne, que je découvre l’enseignement de la Prise de Conscience par le Mouvement qu’a développé Moshé Feldenkrais. Cette recherche, associant toucher & langage, mouvement & lenteur, subjectivité & incorporation, me passionne encore; elle est une base neutre, pour se rendre disponible et explorer, par la conscience des phénomènes, le phénomène de la Conscience lui-même. Le Feldenkrais est cette maison à laquelle je reviens toujours, pour la profondeur de l’exploration qu’elle propose, de ces processus d’incarnation qui font une vie humaine. J’y ramène tout ce que j’apprends par ailleurs et qui actualise mon enseignement.
Enseignante certifiée depuis 2012, j’ai poursuivi, à mi-parcours de ma formation Feldenkrais, il y a 13 ans, une initiation transgénérationnelle dans le foisonnant groupe du Jardin d’Idées, mêlant des thérapeutes et chercheurs de tous horizons. Animée par des questions touchant à la filiation et à l’identité, je me suis engagée dans cette recherche connexe par laquelle j’ai pris la mesure des liens invisibles qui nous relient aux êtres dont nous sommes issus. Ces ascendants, qui peuplent l’inconscient de ceux qui nous ont engendrés et au-delà des liens filiaux, auxquels nous sommes liés ; j’ai découvert à quelle trame secrète j’appartiens, à quel genre d’appel de l’inconscient familial et collectif, en tant qu’être, j’ai répondu, car c’est à nous qu’il incombe, parfois, de mettre en lumière ces liens et d’en dénouer les nœuds, quand nous avons manqué d’une information structurante. Cela qui donne sens à notre vie, à nos actions, à notre place dans cette grande évolution collective que nous vivons actuellement.
La dynamique évolutive d’une lignée d’hommes et de femmes où nous prenons place, nous la continuons intimement, quoi qu’on en pense; ainsi, réparons-nous la trame de Vie, en apprenant à maintenir la PAIX en soi, pour l’amener autour de soi. Tout parcours transgénérationnel permet de clarifier les appuis psychiques de notre trajectoire humaine en y amenant notre discernement allié à notre puissance d’aimer et d’embrasser la totalité de ce que nous sommes. Ainsi, allons-nous comprendre autrement : la polarité parentale ; l’enfant, entre plaisir et apprentissage de la responsabilité ; la mort et sa fonction initiatique; la construction d’une sexualité épanouissante, le rôle des émotions, une cosmogonie à réinventer, etc. Par ce cheminement, nous développons ce potentiel qui est le nôtre, en actualisant ce que nous croyions savoir, à propos de ce qu’en tant qu’Humains, nous sommes.
Je mène une recherche pour faire se rencontrer , en cabinet et dans des formes collectives, toutes ces approches que j’ai explorées pour moi-même, et que j’explore encore; je suis actuellement le processus SOMANAUTE guidé par Sylvain Méret, chorégraphe-danseur, et enseignant du Continuum, une pratique somatique développée par Emily Conrad.
Je propose, avec le stage Au Coin du Feu, des espaces de conscience inscrits dans la Médecine du Cercle, où partage d’expérience, transmission d’information, et proposition somatique, s’allient autour des thèmes de la finitude, du deuil, et de la place des Défunts dans nos vies.
Dans ma vision, faire des ponts entre consciences somatique, transgénérationnelle, et spirituelle, coule de source : la quête d’appuis dans tous ces domaines, sont une seule et même recherche prise par des bouts différents, et il est vivifiant de confronter des approches qui articulent si différemment des ressources semblables : langage, mouvement, recherche de vérité, positionnement intérieur, identité, rôle de l’expérience dans la trajectoire d’une conscience.
Toutes, dessinent un sens commun que donne à explorer le Corps lui-même, en tant qu’il restitue quelque chose de l’expérience dans laquelle on le plonge. Avec son langage à lui, fait de sensations, de ressentis, d’images, et de rêves nocturnes, que l’on apprend à accueillir, à éprouver, à décoder, pour sortir pour de bon du sommeil et de la compulsion.
Oser entrer dans cette exploration à directions multiples, c’est se donner la chance de découvrir la nature de notre Conscience créatrice multidimensionnelle.
Merci à Emilie Tolot pour l’image en en-tête de cette page. Le travail de cette sculptrice est visible ici